Depuis samedi 17 octobre, le “Collectif des Orchidées” occupe la colline du Mormont pour protéger un écosystème menacé de destruction depuis de nombreuses années par l’entreprise de cimenterie « Holcim ». Yourtes en bois, cabanes dans les arbres et occupation de la maison de la Birette ont marqué leur présence et leur détermination.
À Éclépens, l’entreprise internationale de cimenterie exploite 2800m2 de territoire faisant originellement partie de la colline du Mormont depuis bientôt 25 ans. En ce moment, Holcim Suisse cherche à obtenir le permis d’agrandir encore le territoire exploité, pour inclure une importante partie de la colline du Mormont. Si celle-ci n’est pas stoppée, d’ici 2029, tout le plateau de la Birette aura été transformé en mine desservant la cimenterie. Le sommet de la colline du Mormont sera également menacé à l’avenir. Depuis plusieurs années, des ONGs luttent contre l’extension de la mine : c’est le cas de l’Association pour la Sauvegarde de la colline du Mormont, de Pro Natura, du WWF ou d’Helvetia Nostra, qui ont recouru contre le projet d’extension de la mine au niveau cantonal, recours qui a reçu une réponse négative en mai 2020. Holcim attend actuellement le dernier jugement fédéral, qui découlera l’an prochain du recours des ONGs contre la décision du canton de Vaud, avant de pouvoir continuer sa destruction effrénée de ce lieu pourtant unique et défendu par de nombreux-ses biologistes, archéologues et naturalistes. Aussitôt que l’autorisation sera accordée, la colline et sa nature seront sur le point de disparaître.
C’est la raison pour laquelle, nous avons décidé de nous mobiliser avant qu’il ne soit trop tard. Face aux multinationales, spécialistes de la destruction environnementale, et aux autres agent·e·s du capitalisme écocidaire prêt·e·s à piller nos ressources et notre terre sans limites, nous luttons pour préserver la vie. Face à la lenteur des moyens juridiques, à l’impunité des multinationales, à l’absence de lois permettant de défendre réellement la nature, nous occupons. En cette période de mobilisation massive de la jeunesse pour son avenir, nous n’acceptons plus de voir celui-ci mis en péril, sans réagir. Nous luttons pour notre futur avec détermination, et occuperons le terrain jusqu’à ce que la menace posée par Holcim sur ce territoire important soit écartée. Nous nous battrons pour le vivant, pour l’eau ; pour la richesse du paysage, pour les terres fertiles ; pour que survivent les dernières parcelles de terre qui n’ont pas été exploitées et ruinées par la soif du profit. Tant que les détenteur·ice·s du pouvoir continuent de détruire notre avenir, nous lutterons. “Nous protégeons cette colline de l’extension de la mine par Holcim en occupant physiquement les lieux, car nous savons après des années de manifestations et de blocages occasionnels sans résultats concrets, que ceux-ci ne suffisent plus” affirment Bourdon et Papillon, deux membres du collectif. Nous soutenons les efforts des diverses associations qui se sont battues pour ce lieu, en faisant le choix d’un mode d’action nouveau, celui de l’occupation, pour défendre cette colline. Nous refusons de laisser aux mains des multinationales comme LafargeHolcim la possibilité de détruire des écosystèmes entiers, avec des activités qui mettent en péril notre avenir. Nous réclamons l’abandon du projet d’extension de la mine sur la zone de la Birette par l’entreprise, et que la justice remplisse enfin son rôle de tenir les coupables responsables et de les empêcher de commettre plus d’écocides, d’atteintes aux milieux naturels et à notre futur, qu’elle reconnaisse notre futur comme plus important que leur profit.
Alors que chaque année, le mitage du territoire ravage les paysages suisses et détruit des pans entiers de terres, alors que des alternatives à la construction par le béton existent et que par ailleurs de nombreux logements habitables en Suisse sont vides (à cause des effets de la spéculation), notre revendication est claire : que LafargeHolcim cesse l’expansion de la mine. “Nous luttons contre leur destruction incessante et nous dénonçons le manque de lois visant la préservation de la nature, ainsi que la lenteur des institutions quand il s’agit de préserver notre avenir.” En effet, LafargeHolcim, qui est le leader mondial du secteur cimentier, fait partie, aux côtés de Total, des «Carbon Majors», soit les entreprises qui émettent les plus hauts taux de CO2 au monde ! En Suisse, la multinationale est responsable des plus grandes émissions de CO2 du pays.
Par cette occupation, le collectif des Orchidées veut partager ses espoirs quant à l’avenir de ce lieu. Nous aspirons à ce que cet endroit conserve sa valeur en tant que haut lieu de biodiversité. Au lieu d’un cimetière de béton, nous voulons que ces terres puissent rester dans leur état naturel, et qu’elles subsistent aussi comme lieu de partage et de transmission de savoirs, sur la biodiversité locale par exemple. Ces terres pourraient être cultivées et rendues aux paysan·ne·s de la région, à qui Holcim a saisi les terres qu’ils et elles connaissaient, aiment et cultivent. Une Zone A Défendre est un moyen collectif, inclusif et expérimental de défendre les écosystèmes desquels nous dépendons. Ce n’est pas qu’un terrain de lutte : c’est aussi une Zone à Décrire. Un lieu vivant pour expérimenter de nouvelles façons de vivre ensemble.