Manifeste et modes d’action

Notre charte

Cette charte fait suite à des reflexions que les personnes présentes au début de l’occupation ont commencé autour de valeurs qu’ielles souhaitent respecter et défendre au mieux. Le collectif ne prétend pas répondre sans fautes à tous ses idéaux d’inclusion, de maîtrise de la médiation ni de détenir l’ensemble des réflexes et des fonctionnements non-oppressifs. Cette charte vise à créer un imaginaire de la communauté que l’on souhaite créer ensemble, en perpétuel requestionnement et dans une dynamique d’autocritique sur cette colline, et afin d’expliciter les valeurs communes des personnes sur le lieu afin de les concrétiser autant que possible.

1. Raison d’être du groupe : contre quoi on lutte

En premier lieu, nous sommes un groupe qui lutte contre la destruction de la colline du Mormont par l’entreprise Holcim Suisse. Cette lutte s’inscrit dans un combat visant à dénoncer qui sont les principales·aux responsables de la destruction de la nature et causant le réchauffement climatique. Nous luttons par ailleurs contre l’économie productiviste mondiale et sa course au profit basée sur l’extraction de ressources terrestres limitées, qui se déroule également sous nos pieds en Suisse.

2. Valeurs anti-oppressives (envers les êtres vivants humains et non-humains)

Nous faisons autant que possible l’effort conscient de combattre les diverses formes d’oppressions systémiques dans lesquelles le mond baigne et formons un mouvement autogéré anti-autoritaire. Nous cherchons à avoir des comportements féministes, antiracistes, antiLGBTQI+phobes. Et comme nous souhaitons traiter les problèmes écologiques à leur racine, nous sommes anticapitalistes.

3. Moyen d’action (plus de détail dans « notre consensus d’action »)

Nous avons choisi d’occuper physiquement les lieux que nous voulons défendre car nous avons essuyé depuis des années localement et globalement les échecs des manifestations, des blocages ou des pétitions. Constatant les échecs de la justice institutionnelle qui jusqu’ici a toujours négligé la nécessité vitale de restaurer et sauvegarder le vivant et notre futur, ainsi que de lutter contre le réchauffement climatique, nous faisons le choix de l’occupation. Nous ne souhaitons pas porter atteinte au vivant humain ou non-humain, à l’inverse du fonctionnement socio-économique actuel, qu’il est difficile de bousculer sans sortir des sentiers légaux. Notre but est d’agir avec respect envers la nature et les êtres vivants qui nous entourent, ainsi qu’envers toutes les personnes de passage sur le lieu, autant que des personnes y vivant. Nous choisissons aussi d’être non-offensif·ve·x·s envers les forces de l’ordre, mais l’appropriation de lieux ou les actions dirigées vers des cibles matérielles ne nous choquent pas.

4. Ce que nous valorisons sur nos lieux de lutte

Nous cherchons à ce que la ZAD de la colline soit féministe, anti-raciste, anti-spéciste et anti-capitaliste. Notre objectif est de créer des espaces avec le moins d’oppressions possible, où l’horizontalité, le consentement, l’inclusivité, l’écoute, la sensibilité, la transparence d’informations, le partage des connaissances, la solidarité, la répartition des tâches de manière égalitaire et la sécurité de la communauté sont valorisés.
La consommation de substances (alcool, cigarettes..) ou de nourriture non-végane devrait se faire de manière à ce que celle-ci ne dérange pas les autres personnes sur le lieu.

5. Exclusions & entorses aux valeurs du groupes

S’il y a des personnes qui agissent clairement à l’encontre des valeurs qui sont mises en avant sur la charte et ce, de façon répétée, le groupe se réserve le droit de les écrater de ce lieu, par le biais de décisions collectives et ceci pour favoriser la réussite du projet, la sécurité des personnes dans le groupe et le respect envers le lieu. Ceci n’est cependant pas le scénario le plus idéal et il faut que cela n’arrive qu’au cas où toutes autres options d’intégration, discussion ou réajustements de comportements aient été épuisés.

6. Facilitation et forme constamment mouvante/questionnable de la charte par le groupe

Pour la facilitation générale de la gestion interne du groupe se trouvant sur le lieu, une proposition de prise de décision démocratique est mise à disposition. Nous encourageons l’utilisation de cet outil.
Le but de cette charte n’est pas qu’elle soit un ensemble contraignant de règles rigides, mais des principes autour desquels les habitant·e·x·s de la ZAD de la colline puisssent se mettre d’accord. Enfin, en fonction des changements qui vont avoir lieu dans la composition du groupe la charte est déstinée à être modifiée et adaptée constamment, selon les décisions prises démocratiquement.

Notre consensus d’action

Le cadre d’action est un cadre contraignant pour la Zad de la Colline aux orchidées).

Le cadre d’action est la condition préalable à la transparance et la prévisibilité de l’action pour toutes les personnes qui participent ; il indique que, même dans une action réunissant un grand nombre de personnes, nous prenons soin les un·e·x·s des autres et que nous nous soutenons mutuellement. En tant que la Zad de la Colline au orchidées, nous invitons chaleureusement toutes les personnes qui adhèrent à ce cadre d’action à se joindre à notre action.

Jusqu’à ce que le projet d’extension de la mine de la cimenterie Holcim prenne fin, nous allons, grâce à une occupation d’habitation, signifier à l’entreprise et à la justice suisse que nous ne voulons pas de leur béton sur nos terres. Nous entendons ainsi empêcher l’agrandissement de cette mine qui causerait la perte de l’autre partie de la colline du Mormont, répertoriée dans l’Inventaire fédéral pour sa biodiversité importante. Face à l’urgence de la crise climatique et à la lenteur de la justice quand il s’agit de protéger notre avenir et nos terres, nous estimons qu’il est nécessaire et légitime d’aller au-delà des formes de protestation habituelles, et de passer de la simple manifestation à une occupation durable d’un lieu.

Notre forme d’action est une occupation qui sera annoncée publiquement une fois qu’elle aura commencé, à laquelle il sera possible et vivement encouragé de se joindre de diverses manières, et qui s’inspire du succès d’autres occupations de lieux en danger en France et en Allemagne ces dernières années. Tout le monde est bienvenu·e·x à participer, quel que soit son degré d’expérience. Nous allons habiter des cabanes, des yourtes et des barricades. Nous voulons faire de ce lieu un véritable lieu de vie, d’habitat ; de rencontres, d’expérimentations et de transmissions de savoir. À termes, nous visons d’y organiser des concerts, des ateliers ou des conférences à propos de sujets variés. Nous voulons également être en lien avec les habitant·e·x·s du coin et qu’ielles sachent que nous faisons cela pour défendre la colline, et non pas dans le but de leur nuire. Nous chercherons à entrer en lien avec sympathie et respect, en garantissant des accès aux promenades autour de la colline aux promeneurs et promeneuses, puisque notre objectif n’a jamais été et ne sera jamais de verrouiller le lieu mais simplement de le protéger, en bien commun à toutes et tous les habitant-e-s du territoire.

Nous voulons rester jusqu’à ce que le projet d’extension de la mine soit annulé. La fin de l’occupation sera décidée en concertation avec les occupant·e·x·s du territoire si la justice décide de mettre un frein à la volonté d’extension d’Holcim.

Si les forces de l’ordre cherchaient à nous faire partir avant que la justice ou l’entreprise abandonne le projet, nous résisterons. Nous resterons sur les lieux aussi longtemps que possible pour protéger la colline. (ici joindre + de détails). Si par ailleurs des petits groupes veulent maintenir le blocage pendant plus longtemps, avec ou sans outils (par exemple des lock-ons), les structures d’antirépression et de soutien décideront comment elles peuvent continuer à les soutenir. Nous nous comporterons de manière calme et réfléchie ; nous ne mettrons personne en danger. Nous bloquerons et occuperons les lieux avec nos corps ; détruire ou endommager des infrastructures n’est pas notre objectif. Nous ne nous laisserons pas arrêter par des obstacles matériels. Nous traverserons ou contournerons les barrages policiers et les cordons des personnels de sécurité. Notre action renverra une image de diversité, de créativité et d’ouverture d’esprit. Notre action n’est pas dirigée contre les employé·e·x·s d’Holcim ni contre la police. Notre priorité absolue est la sécurité des activistes, des salarié·e·x·s d’Holcim et de toutes les parties prenantes, ainsi que la justice et la protection de la colline.

Nous appartenons à des mouvements sociaux divers et venons d’horizons politiques variés. Ensemble nous prenons la responsabilité collective du bon déroulement de cette ZAD. Nous tenons à créer une situation transparente pour chaque participant·e·x, où nous prenons soin les un·e·x·s des autres, et nous soutenons mutuellement. Nous nous préparerons collectivement au blocage grâce à une structure horizontale.

Nous sommes solidaires avec toutes celles et ceux qui résistent à la destruction du climat causée par le ciment, et qui refusent les conséquences sociales et écologiques de l’exploitation des énergies fossiles ainsi qu’avec toutes les personnes qui luttent contre le mitage du territoire par des entreprises écocidaires. Nous nous opposons fermement à toute tentative de récupération de la lutte contre le ciment à des fins nationalistes ou réactionnaires.
Ceci est proposé comme cadre d’action pour le début de l’occupation. Il reviendra aux orchidées occupant le lieu de l’adapter à leur vécu et à leur situation au fur et à mesure du développement de l’occupation.

Inspiré du consensus d’action élaboré par Ende Gelände en 2019

Grand merci à SALAMAvidéo pour les photos